tant mieux simonac!
le train va nulle
part
mais il a l’arrogance
des cinq siècles passés
de cinq siècles
à penser
que l’avenir
est en avant
et qu’ici ce
sera partout
un train mal
élevé, arrogant
qui commence
à être à bout
le plein
poids d’une civilisation conquérante
qui marche d’un
pas assuré et menteur
sur tout ce
qui vie
de l'aigle qui vole au serpent qui rampe
sur le don, la réciprocité et les fleurs
de l'aigle qui vole au serpent qui rampe
sur le don, la réciprocité et les fleurs
un train qui
fait sauter les territoires
qui fait
éclater les lieux
qui profane
l’espace
un
conquérant névrotique
qui fuit vers
un futur jamais assez loin
un temps
jamais assez vite
le train d’une
civilisation morte
parce que
coupée d’elle-même
parce-que
coupée du reste
issue d’une
pensée qui découpe, qui classe
qui emballe
des objets
pour se les
offrir à elle-même
qui a peur
de son propre reflet
une image
morte et blême
un train qui
fille à vive allure
d’un point
mort à l’autre
qui voudrait
que je sois passager anonyme
un point
mobile sur un réseau de contrats de mise en canne
entre deux
trajectoires projetées hors d’elles-mêmes
empaniqué d’in
arcannes
Moi, chuis à
côté d’la track
assis en
indien à écouter le chant des Chamans
assistant à
un étrange pic-nik
à savourer du
mangé ethnique
à respirer
bin à fond
comme me le
montre toutes sortes de mondes
Comme me le
montre toutes sortes de mondes
je m’arrête
dans les lieux mythiques
je pose les
yeux sur la beauté du monde
je bande en
toute humilité comme une offrande
comme un
freak
Moi, le
Canadien errant qui se fait Québécois
le métisse,
le créole, le géritol de câlisse
le militant
gazé, le chômeur perdu d’in formulaires
le ti-cul de Masham
qui a peur des Madammes
le ti-cul de Masham
qui a peur des Madammes
Moi, le cadeau
des dieux, le morceau de ciel bleu
Intimidé par
la parade
qui aime
comme il peut
qui s’aime
comme d’la marde
faits de siècles
et d’eau salée
je me fais
masse dense
où l’espace
se courbe et le temps ralentit
où la magie
opère, dans la danse
l’amour, les
meetings ou toutes cérémonies
Chuis à côté
d’la track
et le train
va nulle part
je ris avec
mes cousines qui détraquent
ceux dont on
croit qu’ils ont tort
je caresse
les cheveux des jeunes filles
de femmes et
de garçons aussi
je parle
comme un homme
d’Homme à
Homme
avec la gorge pleines d'aiguilles
qu’on retire
petit à petit
j’écoute le
chant des Chamans
la musique
boréale
celle des
baleines, des chacals
des vérités ancestrales