vendredi 5 décembre 2014

Le triomphe du Vaisseau d’Or

Le bateau pointe su’l fleuve
le Vaisseau d’Or est pas mort
y remonte pour aller annoncer la victoire des émeutiers couleurés

l’ennuie vas fendre sur les côtés
pis nous autres on vas attaquer
en fessant d’in fendures
comme des amoureux survoltés
carnivores à l’odeur du sang
extatiques à l’odeur du sexe
carnage pas d’capottes

ça vas clancher ma belle
même le soleil vas pooler in
les ruines pis les dieux grecs vont se r’virer d’bord
à force qu’on est beaux
ça vas être rouge cochon
la terre vas trembler d’excitation
les pôles vont frencher dans un grand flash électrique
des régiments complets de wâbos se dressent
pour fêter un peu partout
la cavalerie vas r’soude
pis on vas s’enculer solide

le Vaisseau d’Or est pas mort
y flotte 20-30 pieds au dessus de la mêlée
y fly bien haut loin du champ des caméras
y distribue des clins d’œil à toute une procession de détraqués victorieux

Le Vaisseau d’Or est pas mort ma Belle

jeudi 4 décembre 2014

L'avalé du Lièvre

Notre-Dame-de-la-Salette qui chasse le Lièvre
et le Lièvre qui cout avec
pour rattraper la dam
pis la Rivière qui r'foule
par-ce que les McLaren
bin c'est des enfants d'chienne
y'a pas de débat à faire là-dessus

attention c'est un terrain glissant
Criss que oui on vas le dire
pis se le r'dire !!

pis la Yâble aura pas son train
et pis le monde non plus
qu'y crèvent dans la glissière
leur pays c'est la glaise
et pis c'est mes affaires
Masson à Mont-Laurier
leur pays s'est à moé

la Rivière à r'foule
pis on envoie l'armée
le monde est full amer
nous on est fous à'lier
on est des full pleins d'marde
mais aussi full plein d'cash
moé la valeur d'un arbre
c'est couché sous une hache

les moulins sont à moé
c'est des moulins à viande
si je peux pu les vendre
on f'ra du Lièvre haché

ÇA FAIT QU'ON VAS MANGER
DU IIÈVRE POUR SOUPER!!!

tra la li la la!!!
v'nez les enfants, Momy a faite du bon manger

vendredi 28 novembre 2014

Chanson d'amour

A 'l'avait toute pour elle
et pis un œil su' moé
d'la grâce pis d'la dentelle
du pouèle pas trop trimé
 
a m'dit comment tu t'appelle
mais c'est pas important
j'te vois dans mes étoiles
une passe dans l'firmament
 
assis toé là casseau
viens rider mon destin
j'te dis qu'té pas mal beau
è'c un tit-cœur d'in mains
 
a m'parle de mes yeux noirs
comme jamais pas parsonne
à veux jamais rien faire
pis moé bin ça m'adonne
 
j'te fais-tu des sandwichs
ou bin on criss not'e camp
c'est toé qui tire s'a switch
ou qui plug le courant
 
j'te mets un main dans l'dos
et pis ma joue dans l'cou
encore criss que t'é beau
t'a l'air d'un esti d'fou
 
ça fais qu'on est allé
ramasser des cailloux
après on s'est baigné
tous nus dans in bayou
 
on jappe après la lune
on couraille à tous 'é soirs
viens t'en icitte ma brune
que j'te contes des affaires

viens t'en icitte ma brune
viens t'en icitte ma brune
on vas jouer dans 'terre noir

viens t'en icitte ma brune
viens t'en icitte ma brune
que j'te montre mon tiroir

viens t'en icitte ma brune
viens t'en icitte ma brune
qu'on se splite l'univers

viens t'en icitte ma brune
viens t'en icitte ma brune

viens t'en icitte ma brune ...
 

jeudi 27 novembre 2014

phantasia iuventutis

November rain
Nothings else matters
Wind of change

slow
danse
Clube Optimiste

Sophie Brunette

dimanche 23 novembre 2014

Jane, en amont des Pleureuses - II

Jane était rentrée d’un pas vif et nerveux, mais son esprit était resté aux rapides. Les Pleureuses  … La conscience toujours un peu de travers, flottant au-dessus du réel, elle errât dans la légende, jusqu’à l’origine de ce nom. 

On raconte qu’il y a longtemps, vivait un jeune homme à la beauté et la vigueur taillée à même la vie boréale. Certains le disaient anishnaabe, mais ce détail, aussi peu certain qu’important, pourrait très bien avoir été ajouté en raison de l’exotisme du personnage et de son histoire. La légende ne ment pas. Ceci-dit, elle ne se laisse pas contraindre par l’arrogance de la vérité. Arrivé dans les environs tôt au printemps, le jeune homme s’était installé près des Rapides, disant qu’il en appréciait la voix. Comme il se contentait de réponses évasives lorsqu’on lui demandait son nom, il fallut quelques années à l’usage pour se fixer sur celui de Blèze. 

C’était bien avant la construction de la petite église de bois qui trônerait plus tard au milieu du village. On se réunissait à l’époque dans une petite chapelle aménagée sur la terre à Bélanger qui avait reçu la permission d’officier le dimanche entre les visites annuelles de l’Évêque de Bytown. Ce dernier entérinait en bloc les sacrements prononcés en l’absence d’un véritable curé. Blèze n’assistait jamais à ces célébrations. En contrepartie, il fréquentait assidument les veillées où les danses offraient des occasions de proximités forts convoitées. Ces veillées constituaient un véritable système de rituels parallèles où se braconnaient des espaces de libertés faisant contrepoids à la lourdeur de l’office officiel. Le choix ontologique de Blèze à la faveur des reels et au détriment de l’eucharistie n’était pas sans faire jaser. Mais la désapprobation n’était que de surface, puisqu’à peu près tout le monde appréciait la chaleur du jeune homme et certains, surtout parmi les jeunes filles, lui enviait sa désinvolture.

Blèze aimait entretenir cette distance en équilibre fragile entre la chaleur et le respect. Cependant, il lui arrivait parfois de prendre un peu de liberté au risque de bousculer, volontairement, les règles de ce jeu délicat. Un jour que l’Évêque en personne officiait, on entendit un reel de violon, jusqu’alors inconnu et aussi endiablé qu’inapproprié, venir faire violence à l’homélie qui, justement, mettait en garde contre le manque d’assiduité dans la fréquentation de l’Église. Furieux, l’Évêque quittât l’hôtel pour se précipiter à la porte qu’il ouvrit avec un fracas qu’il voulait chargé d’autorité. S’il réussit à arracher un sourire chez quelques rares jeunes parmi les plus mal entêtés, le spectacle qu’offrait Blèze généra un sentiment qui dépassait le malaise. Ivre mort, le jeune homme jouait frénétiquement en dansant autour d’une brebis égorgée dont la gueule était négligemment flaquée d’une bouteille d’eau de vie. L’Évêque traduisit et couvrit en même temps la peur de l’assemblée par un cri auquel répondit Blèze fort étrangement. Il cessât de jouer et de danser. Immobile, il fixait l’Évêque en s’inclinant lentement sans le quitter de ses grands yeux noirs. La scène s’étirait et quelques-uns se rassuraient à l’idée réconfortante de voir le jeune homme s’incliner ainsi. Or, à ras le sol, Blèze arrachât la bouteille de la gueule de la brebis pour la porter à la sienne et, se redressant raide comme une barre, fini de la vider d’un trait avant de reprendre son étrange spectacle. On refermât prestement la porte derrière laquelle se postèrent nerveusement Bélanger et son aide de champs. L’Évêque condamnât la scène avec une telle violence que les gens marquèrent l’ampleur de l’événement de la seule façon digne de la créativité des mœurs vernaculaires : le Reel de l’Excommunié venait de naître.

À suivre...

dimanche 16 novembre 2014

Jane, en amont des Pleureuses - I

Jane vivait un peu en retrait, près de la Grande Rivière, juste en amont des Rapides des Pleureuses. Ce jour-là, elle était particulièrement de bonne humeur, à tel point qu’en milieu de matinée, elle avait défait le deuxième bouton du haut de sa blouse d’ouvrage. Liberté qu’elle s’offrait à elle-même puisque personne n’était là pour en apprécier la promesse. C’était une amoureuse, une amoureuse quelque peu malmenée qui résistait joyeusement de tout son être et dans tout son rapport au monde. 

Elle aimait la fraîcheur de l’automne, surtout la sérénité qui s’installait après la frénésie de l’été. Bientôt, la démesure boréale allait mettre sa robe blanche pour une nuit de noce de six mois. Elle appréciait les tâches tranquilles de cette période, parmi lesquels celle de « finir son séchage ». Jane connaissait les plantes, leurs vertus nutritives, aromatiques et médicinales. Des Pâques à la Toussaints, elle en accumulait de grandes quantités qu’elle avait maintenant tout le loisir de finir de préparer, classer et entreposer. Bien qu’il ne fût pas rare que l’on aille la consulter, l’usage était de la redouter. 

Son mari parti au campe, elle passerait l’hiver à chauffer le poêle, s’occuper des enfants, des animaux, à reprendre le dessus sur sa couture et à s’offrir quelques veillées au vin de bleuets. Le vin de bleuets faisait partie de ces choses qu’elle pouvait savourer pleinement à l’occasion de sa quasi solitude hivernale. Son mari ne lui interdisait pas, mais même tue, sa désapprobation sans conviction empesantissait l’atmosphère et gâchait mollement le plaisir d’un petit verre à la brunante. Elle ne le haïssait pas activement, pas plus qu’il ne s’activait à se faire haïr, mais elle ne l’aimait pas passionnément, pas plus qu’il ne se passionnait pour grand chose. Il n’était ni méchant, ni intéressant. Il était simplement là, ou pas, et détonnait, quand il y était, avec la vigueur de Jane.

Déjà à 35 ans, rien qu’en ramassant des racines et des champignons, elle faisait parler d’elle, même si peu de gens lui parlait. Ce qui se préparait allait la propulser pour de bon dans la légende.

C’était un de ces beau jour de lumière de janvier quand l’or du soleil se dépose en petites goutes sur la neige éclatante, comme une explosion tranquille de bleu, blanc, jaune et de silence. Ce silence d’hiver ensoleillé qu’elle aimait tant. Bien évidemment, les oiseaux et les insectes préfèrent chanter quand il fait chaud, mais il y avait autre chose. Quelque chose que Jane ne s’expliquait pas complètement. Sûrement la neige. Soit elle absorbait les sons qui devenaient plus moelleux, plus enrobant, soit elle calmait le regard au point de permettre d’être attentif… autrement, plus … densément. Jane faisait le tour de sa ligne de collets. Évidemment, qui a la finesse de savoir récolter les plantes a celle de savoir récolter bien d’autres choses. Elle en était à son troisième pécan quand les Rapides des Pleureuses commencèrent à s’annoncer par leur bruit d’humidité qui s’exclame. Elle pressa légèrement le pas, toujours heureuse de s’y reposer en mangeant, bercée par l’incessant chant de force des rapides.

Elle y terminait sa beurrée à la mélasse quand un mouvement inhabituel attirât son regard du côté des rapides. Elle était stupéfaite. Un jeune homme se tenait sur une roche dépassant à peine l’écume des rapides, comme flottant au milieu de ceux-ci. Faisant dos à Jane, le jeune homme était nu, musculairement et tendrement nu. Il tournât la tête et ses beaux grands yeux noirs, profonds comme l’origine du monde, fixèrent ceux de Jane pendant un instant infime qui s’éternisât le temps de foudroyer la jeune femme. Avec grâce et agilité, il s’élança en un improbable plongeon dans l’eau aussi glacée que tumultueuse. 

Jane était doublement choquée. D’abord sous le choc du troublant spectacle d’un jeune homme qui plonge joyeusement vers une mort certaine. C’était impossible, mais elle savait ce qu’elle avait vu. Choquée aussi par le sentiment qui l’habitait, suspendue qu’elle était par l’érotisme de la scène. Tant de vie négligemment consommée sans prix, entre la bravade et la jouissance.  La chaleur de ce corps nu plongeant dans l’humidité de cette force glaciale créait des remous jusqu’au plus profond de son ventre. Comme si elle avait plongé avec lui. Elle aurait voulue plonger avec lui dans l’eau des Pleureuses.

À suivre...

mardi 4 novembre 2014

Orignal

Je serai l'Orignal mort
Si l'envie vous prenait
de m'tirer d'in jarrets
coucher sur vos hood de char
Moé, le Roi d'la Forêt

Je mange des racines de nénufars
ces lotus boréales
Il faut mordre dans la vase
pour trouver ni le bien, ni le mal

Puisqu'il faut du panache
et se battre à coups d'hache
J'irrai piler sur vos chars
si vous touchez à mes Fils
Orignal jamais mort
Chasseur, décâlisse


2 novembre 2014

Ethnopoème de polémo-toponymie vernaculaire (un pays qui rock se donne des noms qui torchent)

Nommer en latin se dit : constitue, comme dans constituer ou constitution. Autrement dit, se nommer c’est se faire.

À aimer les endroits où grouille le vernaculaire, le populaire, le vulgaire… le joual, on le trouve dans les noms desdits endroits, les lieux-dits qui disent tout le non-dit du rapport au monde passer au javex de la langue standardisée. Le monde parle aussi à partir de cet autre rapport au monde, et pour l’entendre, il faut chercher dans les noms de lacs, de rivières ou de rapides, et là apparait toute la force créative de ceux qu’on ne s’est pas donner le trouble d’aller taire jusque dans l’fond des zecs pis des territoires « non organisés ».

Descartes à 13 rues à son nom, rien d’autres
le Cul, rien qu’une rue, mais 13 rapides, rivières, anses, baies et autres


Combien de Saintes et de Saints
combien d’indécents dessins
et de sans dessins dessus-dessous
 combien de Saint-Canton-D’Angleterre
et de noms jetés par terre


combien de dam, de goddam et de Paugan
combien de Notre-Dame
de grand drame de Grande Dame
Icitte c’est Taram
c’est Notre-Taram
     Pièce-perdue
     Lac Trouvé
     Val-Ombreuse, l'autre bord du pont mais c'é Taram pareil


entre Hull et Maniwaki
y’a tout un pays
grand comme la Belgique
celui de Kitchissipi
en Nord d’Amérique
à l’ouest d’icitte


Grands-Remous
Fort-Coulonge
Rapides-des-Joachims


Moé je suis Sainte-Cécile
depuis toujours et pour longtemps
de ma Grand-Mère et mon village
ce sera Masham!
le H pas aspiré pour les aspirants
Icitte c’est La Pêche sans farce
pis Masham en pleine face
      Que m’doneriez-vous belle
      Si j’allais vous le cri?
      Je donnerais Masham
      Duclos pis Sainte-Sophie
(sans rancune Versaille, Paris et Saint-Denis)
      Non tu l’auras pas
      Mon fili pi pi ni ni
      Non tu l’auras pas
      Mon filipino


les chemins de la Dompe
en chemin des Amoureux
quand c’est les sauvages qui domptent
t’a tout pour être heureux


la petite vallée Lola
qui coule entre les pieds de mes nièces
qui scie le bois
des maisons en pièces sur pièces
Lola, l’eau-là, Lola
Low-Québec


Idylle à Adélaïde
c’est notre secret
Notre-Damme-de-la-Salette
qui chasse le Lièvre


BASKATONG!!
Explosion d'origine du monde
au nord de toute
BASKATONG!!
JE T'AIME
un point c'est toute!!
j’ai un gros Moskinongé d’in culottes
pis c’est grâce à toé si chus hot!


les Deux-montagnes
Trois-Rivières
et Sept-îles
notre Asticou
Allumetières
De l’Île
celle aux Allumettes
celle du Grand-Calumet
Pontiac et Papineau
qui enserrent la Gatineau
pis la Haute s’il vous plaît!!


Lac 31 Miles
     … nom pas croyable
tâche infinie
quand ton pays a 500 000 lacs à nommer…
quand le mot grand dit 750 places en même temps…
près de 150 Lacs Perdus
Lac Écarté
Lac Idiot
Lac Nilgaut
Lac Cassé
Cassault
Lacs aux Erratiques


Pays à bout d'bras
Bras-Coupé
Désert
Violon Brisé
Bras d'Apic
Bras d'Or
Bras de Fer
Bras de l'Étoile
chemin du Bras-Débarassé
Bras de l'Élan
L'Écart du Bras
Lac de la Crampe
Lac des Crocs-en-Jambe
Lac Bien-Jambé
rue du Bout-de-Fémur, à Mansfield


Lac Grande Gueule
Lac à Coups de Gueule
Lac Casse-Gueule


In nomine patris
quand le ciel te cache la vue


Notre-Dame-du-Sacré-Cœur-d'Issoudun
     what the fuck
Notre-Dame-des-Sept-Douleurs
      Madame, Madame
      Avez-vous mal à’snache?
      La snache vous fais-tu mal?
Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland
L'Ascension-de-Notre-Seigneur
Très-Saint-Rédempteur
Très-Saint-Sacrement
Lac du Dernier Sang
Lac du Sacrifice
Le Précieux-Sang-de-Notre-Seigneur-Jésus-Christ
Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine
Saint-Louis-de-Gonzague-du-Cap-Tourmente
Saints-Martyrs-Canadiens
Saint-Janvier-de-Joly
Saint-Narcisse-de-Beaurivage
     Narcice de beau rivage…


Au nom de la paire
et des fesses
et des seins
malsains d’esprit


In nomine Partie
descendre tous les Saints du Ciel
pis les rassir dans ‘glaise
leur faire manger du paysage


Notre-Dame-des-Bois
Notre-Dame-des-Neiges
Notre-Dame-du-Nord
Notre-Dame-des-Pins
Notre-Dame-du-Portage
Sainte-Rose-du-Nord
Saint-Simon-les-Mines
Saint-Jacques-le-Mineur
Sainte-Émélie-de-l'Énergie


Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues
Sainte-Thérèse-de-la-Gatineau
Saint-Joseph-des-Érables
Saint-Roch-de-l'Achigan
Saint-Mathieu-d'Harricana
Etcetera
Etcetera


Saint-Ours …
SAINT-OURS!
     quand on sanctifie la bête sauvage!!


Saint-Louis-du-Ha! Ha! …
SAINT-LOUIS DU HA! HA!

     pis fuck d’la marde!
     Espiritu sancto nominum
     Je veux boire du rhum
     Je veux boir du ruhm
     J’en ai pas ‘encore bu


Rapide Danseur
Rapide de la Danse du Draveur
Lac de la Folie
Lac de l’Ivresse
     j'peux-tu être votre ami ?!
Lac Fou
Le Bout-du-Bois-Dansant
Lac de de l'Élan
     tu veux-tu l’être toé ‘ssi ?


Lac du Trappeur de Rêves

Viens t’en Chérie
Lac du Cœur
dans le territoire des Passes-Dangeureuses
     … tire tes propres leçons
Lac Après la Nuit
Résurgences de la Rivière de la Nuit
Mont de la Louve Nuit
La Vallée des-Murmures


l’Île de la Fin des Dieux
perdu dans l'Caniapiscau
l’Île de La Fille de Personne
Lac du Crève-Z-Yeux
Le Bout-du-Monde
Lac du Bout-d'eau-Morte


POINTE DE LA PEINE GRAISSEUSE
     … merci l’Abitibi


Anse aux Fesses
Détroits des Fesses Serrées
Rapides Frotte-Cul
Anse à Mouille-Cul
Pont des Cochons
Lac Charrue
Ruisseau du Pisseux
P’tit Pisseux, Grand Pisseux, dodaine
Île aux Caleçons
Anse de Brise-Culotte
Lac Bas-Culotte


une coup’e de Passes-Croches un peu partout
pis un maudit paquet de chemins de Travers


Sainte-Barbe
     … hé hé
Parc Benoit-Letarte
     … pff! vas chier
un Lac Arabe au Lac Saint-Jean
kin toé!
Municipalité d'Irlande
évidemment
Lac Mouillé
Lac de la Crosse
qui s’en passerait?
Île de la Truie
Lac de la Torche
y’en fallait un
Île de la Grosse Boulle
Rapide de La Grosse Ballantyne
La Grosse Décharge
pourquoi s’en priver?
Lac de la Grosse Femelle
y’a pas un, y’en a deux
Lac de la Graine
Greneville
pis Greneville-sur-la-Rouge pour être bin certain
Saint-Tite
Saint-Tite-des-Caps
Saint-Edmond-les-Plaines
     … sans commentaires


Lac à ma Femme
Lac de la Vieille
Le Désert-à-Brave-Homme
Île à Petit-Homme-Trudel
     … on le salue


17 chemin des Patriotes
pour ouvrir la voie
28 rues du même nom
11 Parcs et Places
rappellent les pendaisons
rue des Frères-Casseurs
Lac de la Meute féroce


Saint-Denis
Chertsey
Hochelaga dans l’marché
Rimouski
Saint-Philippe
sur Amherst qui badtrip
à l’aube dans Beechwood
Renouveau poing levé


Fais toé s’en pas beubé
y’a Notre-Dame-de-la-Paix
61 places d’Amour
11 de la Sérénité
pis le Lac des Six Cents Printemps


Tenez-vous le pour dit :
Passage de la Résistance
Chemin de la Grande-Casse
Lac d’un jour d’Octobre
Ruisseau du Carreau Rouge
Lac de la Révolution
     …en Outaouais, où d’autres?


la Mare à Joual!!!

J't'aime.

octobre 2014

mercredi 15 octobre 2014

Le Pick-up chromé - adaptation joual du Vaisseau d'or

C'était un gros pick-up
chromé jusqu'aux essieux
jaké, boosté
une fille pas d'tope accrochée après l'miroir
tight au fond dans l'prélart
bin accoté dans' barrure

mais y'a fini par pogner d'quoi
un gros trou d'bouette
sa dernière drag

c'était un gros pick-up chromé
du tork en masse
a' ec des pipes pas légales
que les bœufs haïssaient
les chiks se pâmaient
les boys étaient toute jaloux

Quessé qui reste de mon pick-up?
pogné dans' marde
calé dans' folie!

Original, Émile Nelligan (cliquez)

15 octobre 2014

mardi 14 octobre 2014

Enjoyeusie

Enjoyeusie, pays nombril
la fête est ici, les métropoles sont là-bas
refais ton chemin l’ami
ici y’a rien’que des lacs de 10 000 ans
le sourire de ma blonde et mes enfants

Enjoyeusie, pays de rire en cascades
de matin solaire de beur et d’air frais
de nuits qui coulent jusque dans l’bas du dos
Enjoyeusie, sentier de travers
à travers champs et pineraies
enchevauché sur mes deux pieds

Enjoyeusie pays baiser

20 mars 2014

Sainte-Cécile pis la Salette

Sainte-Cécile pis la Salette
sont deux criss de folles
qui frenchaient dans l'couvent
avant d'y mettre le feu

deux p'tites criss
qui vont pas s'laisser faire
qui vont fêter jusqu'à bout de souffle

deux têtes dures
malengeulées

qui vont te faire du feu dans l'poêle
qui vont mettre du beurre sur tes toast si tu viens faire ton tour

Y font des affaires dans l'fond du rang

Sainte-Cécile pis la Salette... sont deux

14 octobre 2014




L'esprit du saumon

Icitte
le vent pis les rivières viennent du nord
ma boussole pointe à l'origine
tout mon être est porté sur l'amont
je préfère la remonté vers la sécurité du familier
à la descente vers l’inconnu incertain
pis j'ai le dedans qui parle fort

j'ai le fort au nord
la certitude boréale
je vibre avec le pôle qui magnétise enremonté
je pointe vers l'immensité familière
l'origine à retrouver

Icitte
le vent pis les rivières viennent du nord
pis j'men r'tourne à'maison
 
21 septembre 2014

Pour une épistémologie joual

Pour une célébration de la valeur ontologique de tout un ramassis de patentes bizounées avec de l’amour pis du doc tape, un tournant épistémologique livré en tapon chié tout décâlissé.

10 septembre 2014

In-dépendance

M'as toute te donner
toute te faire
te faire un pays
ou un p'tit si tu me l'demandes

Mais dis-moé que tu m'aimes


6 septembre 2014

finir par bin aller

Ça fait un boute que ch'sais pas comment ni quand ni quoi
mais que j'sais que ça vas s'tasser
finir par bin aller

finir par bin aller
comme un grand air d'aller
comme aller au grand air
comme un grand air, l'air d'y aller pour de vrai
franc pis drette
un air d'aller que tu prend
mais sans forcer
juste de même par-ce que ça coule pis ça flotte

t'sé quand un gars est tanné d'être tanné
tanné d'attendre en attendant qu'un moment donné le p'tit peu normale de c'que l'monde normal on l'air d'avoir vas bin finir par arrêter de t'chier d'in mains
t'sé tanné d'écrire en taches de marde pis criss que ça fait mal
tanné du pesant r'foulé pas possible
tanné d'écrire en claques s'a yeule tanné d'écrir en ostie

t'sé quand in gars veux juste sa part de rien de spécial, de juste du tranquille heureux tranquillement

ça fait un boutte que j'me dit ça vas bin finir par se tasser
pis l'automne vas arriver pis m'a d'être bin en manche de ch'mise en feuilles mortes humides de paisible gratiss qui prend son temps pour bin faire comme une longue trôllée en chaloupe de père à fils

m'a chauffer l'poêle en attendant rien pis toute vas arriver juste à temps d'in bonne craques, la chaise berçante vas dire oui de la tête comme d'habitude pis le chien des cousins vas me faire sourire de puer en bonne humeur de même les mulots vont giguer dans leur trou pis le prélart vas s'exiter, même pepère vas avoir son heure de gloire

on vas toute se dire en peu d'mots, pis les p'tits vont s'endormir collés
m'a t'faire une tisanne de coton pis demain ça vas sentir le bacon

ça fait un boutte que j'sais pas où ni quand
le bon dieu à fait du temps pis y'en a fait en masse
je sais même pas quoi, mais ça vas finir par sentir les matins de bacon
 
28 août 2014

R'grade Moman le monde aime tes mots

M'as prendre mes mots
pis m'as dire avec

R'grade Moman, j'parle

écoute pas c'que j'dis ça pourrait t'faire d'la peine
mais r'grade
 
j'dis des affaires de pas l'droit d'faire
pis de pas suposé dire
pis l'monde m'aime pareil

R'grade Moman
le monde aime tes mots
 
9 juin 2014

Poésie de claques s'a yeule

Poésie de claques s'a yeule
 poésie de bumper de char

un vers comme une track de coke s'une tailgate de truck
vers de pute
de neg
de gros
de BS...

de mongol
de gros BS mongol

vers de bière
vers tendre
vers forêt

vers pleins d'apostrophes
pour apostropher

poésie d'en avoir plein l'cul
poésie pour envoyer chier
poésie comme une tache de marde sur un collet de chemise blanche

poésie de réer flambés sur un char jaké, acheté dans l'Main
poésie les yeux dans une craque de boules serrées dans un top de bud light
poésie d'odeur de crème à bronzé sur une peau usée toujours bandante
poésie de changement d'huile, de mag pis de Masterkraft
poésie 1/4, 3/8, 9/16, pas un ostie d'métrique...
poésie tiens pas ta chain saw d'même, tu vas t'estropier
poésie baloney qui trust pas l'monde chic
poésie de 6/49, la poule
poésie TVA pis des veillées à attendre pu rien

poésie de char assuré rien'que s'un bord
poésie à espérer que ses enfants aillent à l'école
poésie de fond d'pension volé par le moulin qui farme
poésie de divorce, de chômage pis de dépression
poésie de pension alimentaire
poésie de r'faire sa vie à 50 ans
poésie pour par finir dans l'garde-robe

poésie de clauqes s'a yeule
poésie pour en donner
plutôt que d'en r'cevoir
 
26 mai 2014

Soir d'hiver - adaptation joual

La neige en fini pu de neiger!
jardins de frimât, carreaux frostés
la neige fini pu de neiger!
c’est quoi la vie qui se débat
quand t’as mal come moé j’ai

pu rien qui grouille dans la nuit noir
mon âme est en hibernation
où cé que chus? où cé que j’vas?
pu rien qui grouille, même pas l’espoir
même pas ma nation
le Nunavut est mon miroir
dépossédé par les colons
la nuit s’étire sur trois saisons

les oiseaux braillent en février
frissonnent de frette et de psychose
braillez oiseaux de février
braillez comme moé, braillez mes roses
dans mon jardin engeluré

La neige en fini pu de neiger!
jardins de frimât, carreaux frostés
la neige fini pu de neiger!
c’est quoi la vie qui se débat
quand t’as mal come moé j’ai

Original, Émile Nelligan (cliquez)

 3 février 2014

Joual

Viens rider mon joual
de pays en cavale
ma nation charrue
devant les bœuf
qui matraquent et lacrymogène sa jeunesse en révolte
mon joual galope
et se ru contre les sondeurs gallup
ces enfants d’chienne qui in-forme les cerveaux désauvagés ...

de mon peuple fourré par la traite et les traités de territoires volés
de langue bâtarde
et d’espoirs disqualifiés des grands circuits internationaux

viens rider mon joual fou
de pays endevenir
patenté d’in craques de possibles braconnés
mon pays de mains habiles
et de rêves qui coulent en ruisseaux printaniers
mon pays révolte
mon pays printemps

écoute mon joual
ma langue sauvage
mes chansons saoules
mes paroles entressage
mon joual bâtard
métissé, pas pure sang
écoute l’enchevêtrement des mémoires
des vieux qui savent depuis des millénaires
écoute la parole qui s’écoule du ventre de la Terre-Mère
la parole qui éjacule
viens rider mon joual bandé
mon joual de vie
élancé dans le tranquille des possibles affranchis

écoute mon joual insoumis
laisse-le te porter sur ses sabots têtes-dures
pas ferrés, pas barrés
pas achalés pour 5 cennes
mon joual de travers
mon joual de mongols
mon joual d’amour de terre noir
de jarrets
de gin
des eaux qui crèvent
des os qui craquent
mon joual de soleil et d’émeutes

viens rider mon joual
vois comme il est beau
vois comme il est fort
écoute ce qu’il te dit dans son hennissement de joual pas dompté


25 avril 2014

Truite

Prologue
 
Cunilingus International Corporation
Have a sit down and enjoy your lips


On prend le contrôle du voyage
Nous somme les Détraqués de la Lichette
Cellule locale des Achigans à grande bouches...

Assoyez-vous, détendez-vous et écartez les jambes :

Je suis une truite bandée
qui fraye jusqu’à ton ventre
remontée à coup de queue d’érotisme aquatique
forcer à contrecourant pour aller jouir dans les eaux impétueuses de rivières en débâcles
giclées au hasard dans la vase d’œufs à féconder
aboutir enfin
une peau d’écailles qui reflète le soleil d’arc-en-ciel
arc-boutée

jeune fille qui écarte les jambes
un ruisseau de folie entre les cuisses
frais, clair comme l’air du temps
je plonge et remonte jusqu’à la source
seins à l’horizon d’un ciel de chairs qui tiédissent
une truite bandée qui fraye sa remontée jusqu’où la question se pose même plus

une truite en arc-en-ciel le soleil qui danse sur le dos
qui glisse dans l’eau fraîche
qui fourre à l’envers et contre ta joue
une truite qui fourre magnétisée par le pôle dans le vibrant de l’affaire
la boussole à’terre laissée derrière
Moi je vais venant vers le pôle de l’avant
ton ventre à l’horizon


13 avril 2014

Benoit LeMauve

J’te chie du rouge s’a yeule depuis trente ans
parce que tu veux rien entendre d’autre
parce que tu crois pas mon bleu naïf de tit-gars amoureux tendre à l’infini
c’est moé qui a gagné
je suis le gagnant, le premier à pas s’être laissé aveugler par le rouge guerrier
à jamais désespérer le bleu tranquille de sagesse millénaire
le bleu du fond des océans qui socle dans mon ventre
j’a...
i gagné l’alchimie du Mauve renaissance, du mauve équilibre, du mauve sérénité-assurance tranquille, du mauve solide et beau l’air de rien pis toute en même temps
le mauve de tous les temps en même temps

Merci tite-Fille
t’as vu mon rouge, tu l’as trouvé beau sans te faire avoir
t’as vu mon bleu et tu l’as accueillis dans toute sa souveraine fragilité-assurance de bleu qui sait
t’as reconnu l’explosion douceur, le vide de toute de mon mauve total jusque d’in craques
merci tite-Fille
je l’savais que mon mauve triompherait
je l’savais bin qu’on pouvait pas aimer tant que ça pis se sentir étranger indéfiniment
je l’savais bin que mon mauve triompherait.


14 avril 2014

Embraskatong

Je t’embraskatong
embrasser ses origines
l’empremier baiser

l’origine du monde avec un Baskatong qui éclate entre les cuisses

Je t’embraskatong à l’origine du cri
au moment où Chaos se perds en Chronos...

où l’épaisseur prend son temps
aux portes du monde qui s’écoulent du Nord

La forêt, viârge!!

là où les taons ensemencent les bleuets après l’incendie
ensauvagé emboréalie
épinettière enrésine
bouche amoureuse à grandes gorgées
je fraye, remonté féconde pour pondre dans la mère d’eau douce

Kitchissippi
mon amour
Kitchissippi
mon camp est fait

Je t’embraskatong
embrasser ses origines
l’empremier baiser
 
2 mars 2014

Michel-Ange à Fort-Coulonge

Homo sapiens, bel écœurant
tu m'as fait voir à bout portant

toute la splendeur de Michel-Ange
et la douleur de Fort-Coulonge

la beauté folle de Néligan
aussi celle de Nelly Arcan

Ange dangereux, frère mon ami
oiseau de feu, je t'aime j't'haïs


27 janvier 2014

Ma poésie est un poêle à bois

Ma poésie est un poêle à bois
On la nourrit de bois mort
et l’alchimie sacrée de l'expérience humaine nous rend chaleur, lumière et chant tranquille d'éternité

Pompe à chaleur-lumière
geste fécond et généreux
alimenté par la patience de la Terre-mère
et le travail de l'Homme...

ouvrage-souffrance ou geste exalté,
tout y passe

Sa chaleur fais pas de distinction
elle chauffe tous ceux qui on froid ou qui s'y collent
elle brûle les imprudents et apaise ceux qui la considère avec amour et respect

Ma poésie est un poêle à bois
on sent sa chaleur avec le corps
avant même d'en voir la beauté et d'en entendre le chant millénaire
elle opère au plexus
 
1er janvier 2014
À 300km de distance, l'hiver s'installe Chez-vous comme chez-nous c'est pareille, moins le fédéral Dans les champignons les mots et la couleur on cherche un peu de frisson, du vrai frisson, celui du cœur de néandertal et pompe vers les bacchanales Entre la toundra et les vallées fertiles, la tête dégèle et nos ti-cœurs s'emballent Comme des lièvres qui ont pas peur qui courent après rien qui s'cachent juste pour le fun Comme des « ours qui fourent l'hivers » des trembles qui le font pour la musique et la beauté du geste Des saumons tranquilles, pas le temps de frayer, frayer son chemin, le courant qui passe sur le dos comme une caresse qui dure pas, un saumon tranquille, des ours qui fourent pis le coyote pas achalé par la chasse.

L'hivers s'installe à coup de brassée dans'boîte à bois Le paysage met sa robe de mariée pour une nuit de 6 mois, les feuillus se mettent tous nus, pis j'ai du poil dans'face Ça vas chauffer ma belle pis mon nom c'est Quercus Pinus, rouge blanc ou noir c'est selon    
5 décembre 2013