mercredi 15 octobre 2014

Le Pick-up chromé - adaptation joual du Vaisseau d'or

C'était un gros pick-up
chromé jusqu'aux essieux
jaké, boosté
une fille pas d'tope accrochée après l'miroir
tight au fond dans l'prélart
bin accoté dans' barrure

mais y'a fini par pogner d'quoi
un gros trou d'bouette
sa dernière drag

c'était un gros pick-up chromé
du tork en masse
a' ec des pipes pas légales
que les bœufs haïssaient
les chiks se pâmaient
les boys étaient toute jaloux

Quessé qui reste de mon pick-up?
pogné dans' marde
calé dans' folie!

Original, Émile Nelligan (cliquez)

15 octobre 2014

mardi 14 octobre 2014

Enjoyeusie

Enjoyeusie, pays nombril
la fête est ici, les métropoles sont là-bas
refais ton chemin l’ami
ici y’a rien’que des lacs de 10 000 ans
le sourire de ma blonde et mes enfants

Enjoyeusie, pays de rire en cascades
de matin solaire de beur et d’air frais
de nuits qui coulent jusque dans l’bas du dos
Enjoyeusie, sentier de travers
à travers champs et pineraies
enchevauché sur mes deux pieds

Enjoyeusie pays baiser

20 mars 2014

Sainte-Cécile pis la Salette

Sainte-Cécile pis la Salette
sont deux criss de folles
qui frenchaient dans l'couvent
avant d'y mettre le feu

deux p'tites criss
qui vont pas s'laisser faire
qui vont fêter jusqu'à bout de souffle

deux têtes dures
malengeulées

qui vont te faire du feu dans l'poêle
qui vont mettre du beurre sur tes toast si tu viens faire ton tour

Y font des affaires dans l'fond du rang

Sainte-Cécile pis la Salette... sont deux

14 octobre 2014




L'esprit du saumon

Icitte
le vent pis les rivières viennent du nord
ma boussole pointe à l'origine
tout mon être est porté sur l'amont
je préfère la remonté vers la sécurité du familier
à la descente vers l’inconnu incertain
pis j'ai le dedans qui parle fort

j'ai le fort au nord
la certitude boréale
je vibre avec le pôle qui magnétise enremonté
je pointe vers l'immensité familière
l'origine à retrouver

Icitte
le vent pis les rivières viennent du nord
pis j'men r'tourne à'maison
 
21 septembre 2014

Pour une épistémologie joual

Pour une célébration de la valeur ontologique de tout un ramassis de patentes bizounées avec de l’amour pis du doc tape, un tournant épistémologique livré en tapon chié tout décâlissé.

10 septembre 2014

In-dépendance

M'as toute te donner
toute te faire
te faire un pays
ou un p'tit si tu me l'demandes

Mais dis-moé que tu m'aimes


6 septembre 2014

finir par bin aller

Ça fait un boute que ch'sais pas comment ni quand ni quoi
mais que j'sais que ça vas s'tasser
finir par bin aller

finir par bin aller
comme un grand air d'aller
comme aller au grand air
comme un grand air, l'air d'y aller pour de vrai
franc pis drette
un air d'aller que tu prend
mais sans forcer
juste de même par-ce que ça coule pis ça flotte

t'sé quand un gars est tanné d'être tanné
tanné d'attendre en attendant qu'un moment donné le p'tit peu normale de c'que l'monde normal on l'air d'avoir vas bin finir par arrêter de t'chier d'in mains
t'sé tanné d'écrire en taches de marde pis criss que ça fait mal
tanné du pesant r'foulé pas possible
tanné d'écrire en claques s'a yeule tanné d'écrir en ostie

t'sé quand in gars veux juste sa part de rien de spécial, de juste du tranquille heureux tranquillement

ça fait un boutte que j'me dit ça vas bin finir par se tasser
pis l'automne vas arriver pis m'a d'être bin en manche de ch'mise en feuilles mortes humides de paisible gratiss qui prend son temps pour bin faire comme une longue trôllée en chaloupe de père à fils

m'a chauffer l'poêle en attendant rien pis toute vas arriver juste à temps d'in bonne craques, la chaise berçante vas dire oui de la tête comme d'habitude pis le chien des cousins vas me faire sourire de puer en bonne humeur de même les mulots vont giguer dans leur trou pis le prélart vas s'exiter, même pepère vas avoir son heure de gloire

on vas toute se dire en peu d'mots, pis les p'tits vont s'endormir collés
m'a t'faire une tisanne de coton pis demain ça vas sentir le bacon

ça fait un boutte que j'sais pas où ni quand
le bon dieu à fait du temps pis y'en a fait en masse
je sais même pas quoi, mais ça vas finir par sentir les matins de bacon
 
28 août 2014

R'grade Moman le monde aime tes mots

M'as prendre mes mots
pis m'as dire avec

R'grade Moman, j'parle

écoute pas c'que j'dis ça pourrait t'faire d'la peine
mais r'grade
 
j'dis des affaires de pas l'droit d'faire
pis de pas suposé dire
pis l'monde m'aime pareil

R'grade Moman
le monde aime tes mots
 
9 juin 2014

Poésie de claques s'a yeule

Poésie de claques s'a yeule
 poésie de bumper de char

un vers comme une track de coke s'une tailgate de truck
vers de pute
de neg
de gros
de BS...

de mongol
de gros BS mongol

vers de bière
vers tendre
vers forêt

vers pleins d'apostrophes
pour apostropher

poésie d'en avoir plein l'cul
poésie pour envoyer chier
poésie comme une tache de marde sur un collet de chemise blanche

poésie de réer flambés sur un char jaké, acheté dans l'Main
poésie les yeux dans une craque de boules serrées dans un top de bud light
poésie d'odeur de crème à bronzé sur une peau usée toujours bandante
poésie de changement d'huile, de mag pis de Masterkraft
poésie 1/4, 3/8, 9/16, pas un ostie d'métrique...
poésie tiens pas ta chain saw d'même, tu vas t'estropier
poésie baloney qui trust pas l'monde chic
poésie de 6/49, la poule
poésie TVA pis des veillées à attendre pu rien

poésie de char assuré rien'que s'un bord
poésie à espérer que ses enfants aillent à l'école
poésie de fond d'pension volé par le moulin qui farme
poésie de divorce, de chômage pis de dépression
poésie de pension alimentaire
poésie de r'faire sa vie à 50 ans
poésie pour par finir dans l'garde-robe

poésie de clauqes s'a yeule
poésie pour en donner
plutôt que d'en r'cevoir
 
26 mai 2014

Soir d'hiver - adaptation joual

La neige en fini pu de neiger!
jardins de frimât, carreaux frostés
la neige fini pu de neiger!
c’est quoi la vie qui se débat
quand t’as mal come moé j’ai

pu rien qui grouille dans la nuit noir
mon âme est en hibernation
où cé que chus? où cé que j’vas?
pu rien qui grouille, même pas l’espoir
même pas ma nation
le Nunavut est mon miroir
dépossédé par les colons
la nuit s’étire sur trois saisons

les oiseaux braillent en février
frissonnent de frette et de psychose
braillez oiseaux de février
braillez comme moé, braillez mes roses
dans mon jardin engeluré

La neige en fini pu de neiger!
jardins de frimât, carreaux frostés
la neige fini pu de neiger!
c’est quoi la vie qui se débat
quand t’as mal come moé j’ai

Original, Émile Nelligan (cliquez)

 3 février 2014

Joual

Viens rider mon joual
de pays en cavale
ma nation charrue
devant les bœuf
qui matraquent et lacrymogène sa jeunesse en révolte
mon joual galope
et se ru contre les sondeurs gallup
ces enfants d’chienne qui in-forme les cerveaux désauvagés ...

de mon peuple fourré par la traite et les traités de territoires volés
de langue bâtarde
et d’espoirs disqualifiés des grands circuits internationaux

viens rider mon joual fou
de pays endevenir
patenté d’in craques de possibles braconnés
mon pays de mains habiles
et de rêves qui coulent en ruisseaux printaniers
mon pays révolte
mon pays printemps

écoute mon joual
ma langue sauvage
mes chansons saoules
mes paroles entressage
mon joual bâtard
métissé, pas pure sang
écoute l’enchevêtrement des mémoires
des vieux qui savent depuis des millénaires
écoute la parole qui s’écoule du ventre de la Terre-Mère
la parole qui éjacule
viens rider mon joual bandé
mon joual de vie
élancé dans le tranquille des possibles affranchis

écoute mon joual insoumis
laisse-le te porter sur ses sabots têtes-dures
pas ferrés, pas barrés
pas achalés pour 5 cennes
mon joual de travers
mon joual de mongols
mon joual d’amour de terre noir
de jarrets
de gin
des eaux qui crèvent
des os qui craquent
mon joual de soleil et d’émeutes

viens rider mon joual
vois comme il est beau
vois comme il est fort
écoute ce qu’il te dit dans son hennissement de joual pas dompté


25 avril 2014

Truite

Prologue
 
Cunilingus International Corporation
Have a sit down and enjoy your lips


On prend le contrôle du voyage
Nous somme les Détraqués de la Lichette
Cellule locale des Achigans à grande bouches...

Assoyez-vous, détendez-vous et écartez les jambes :

Je suis une truite bandée
qui fraye jusqu’à ton ventre
remontée à coup de queue d’érotisme aquatique
forcer à contrecourant pour aller jouir dans les eaux impétueuses de rivières en débâcles
giclées au hasard dans la vase d’œufs à féconder
aboutir enfin
une peau d’écailles qui reflète le soleil d’arc-en-ciel
arc-boutée

jeune fille qui écarte les jambes
un ruisseau de folie entre les cuisses
frais, clair comme l’air du temps
je plonge et remonte jusqu’à la source
seins à l’horizon d’un ciel de chairs qui tiédissent
une truite bandée qui fraye sa remontée jusqu’où la question se pose même plus

une truite en arc-en-ciel le soleil qui danse sur le dos
qui glisse dans l’eau fraîche
qui fourre à l’envers et contre ta joue
une truite qui fourre magnétisée par le pôle dans le vibrant de l’affaire
la boussole à’terre laissée derrière
Moi je vais venant vers le pôle de l’avant
ton ventre à l’horizon


13 avril 2014

Benoit LeMauve

J’te chie du rouge s’a yeule depuis trente ans
parce que tu veux rien entendre d’autre
parce que tu crois pas mon bleu naïf de tit-gars amoureux tendre à l’infini
c’est moé qui a gagné
je suis le gagnant, le premier à pas s’être laissé aveugler par le rouge guerrier
à jamais désespérer le bleu tranquille de sagesse millénaire
le bleu du fond des océans qui socle dans mon ventre
j’a...
i gagné l’alchimie du Mauve renaissance, du mauve équilibre, du mauve sérénité-assurance tranquille, du mauve solide et beau l’air de rien pis toute en même temps
le mauve de tous les temps en même temps

Merci tite-Fille
t’as vu mon rouge, tu l’as trouvé beau sans te faire avoir
t’as vu mon bleu et tu l’as accueillis dans toute sa souveraine fragilité-assurance de bleu qui sait
t’as reconnu l’explosion douceur, le vide de toute de mon mauve total jusque d’in craques
merci tite-Fille
je l’savais que mon mauve triompherait
je l’savais bin qu’on pouvait pas aimer tant que ça pis se sentir étranger indéfiniment
je l’savais bin que mon mauve triompherait.


14 avril 2014

Embraskatong

Je t’embraskatong
embrasser ses origines
l’empremier baiser

l’origine du monde avec un Baskatong qui éclate entre les cuisses

Je t’embraskatong à l’origine du cri
au moment où Chaos se perds en Chronos...

où l’épaisseur prend son temps
aux portes du monde qui s’écoulent du Nord

La forêt, viârge!!

là où les taons ensemencent les bleuets après l’incendie
ensauvagé emboréalie
épinettière enrésine
bouche amoureuse à grandes gorgées
je fraye, remonté féconde pour pondre dans la mère d’eau douce

Kitchissippi
mon amour
Kitchissippi
mon camp est fait

Je t’embraskatong
embrasser ses origines
l’empremier baiser
 
2 mars 2014

Michel-Ange à Fort-Coulonge

Homo sapiens, bel écœurant
tu m'as fait voir à bout portant

toute la splendeur de Michel-Ange
et la douleur de Fort-Coulonge

la beauté folle de Néligan
aussi celle de Nelly Arcan

Ange dangereux, frère mon ami
oiseau de feu, je t'aime j't'haïs


27 janvier 2014

Ma poésie est un poêle à bois

Ma poésie est un poêle à bois
On la nourrit de bois mort
et l’alchimie sacrée de l'expérience humaine nous rend chaleur, lumière et chant tranquille d'éternité

Pompe à chaleur-lumière
geste fécond et généreux
alimenté par la patience de la Terre-mère
et le travail de l'Homme...

ouvrage-souffrance ou geste exalté,
tout y passe

Sa chaleur fais pas de distinction
elle chauffe tous ceux qui on froid ou qui s'y collent
elle brûle les imprudents et apaise ceux qui la considère avec amour et respect

Ma poésie est un poêle à bois
on sent sa chaleur avec le corps
avant même d'en voir la beauté et d'en entendre le chant millénaire
elle opère au plexus
 
1er janvier 2014
À 300km de distance, l'hiver s'installe Chez-vous comme chez-nous c'est pareille, moins le fédéral Dans les champignons les mots et la couleur on cherche un peu de frisson, du vrai frisson, celui du cœur de néandertal et pompe vers les bacchanales Entre la toundra et les vallées fertiles, la tête dégèle et nos ti-cœurs s'emballent Comme des lièvres qui ont pas peur qui courent après rien qui s'cachent juste pour le fun Comme des « ours qui fourent l'hivers » des trembles qui le font pour la musique et la beauté du geste Des saumons tranquilles, pas le temps de frayer, frayer son chemin, le courant qui passe sur le dos comme une caresse qui dure pas, un saumon tranquille, des ours qui fourent pis le coyote pas achalé par la chasse.

L'hivers s'installe à coup de brassée dans'boîte à bois Le paysage met sa robe de mariée pour une nuit de 6 mois, les feuillus se mettent tous nus, pis j'ai du poil dans'face Ça vas chauffer ma belle pis mon nom c'est Quercus Pinus, rouge blanc ou noir c'est selon    
5 décembre 2013